Isabelle Sarfati fait sauter les tabous

On se croirait dans une sitcom où les personnages aux caractères bien trempés se succèdent en une série de saynètes sur fond de journal intime. Le docteur Isabelle Sarfati, chirurgienne plasticienne réputée, nous raconte ses savoureuses Histoires plastiques où elle est tour à tour patiente et soignante.

Isabelle Sarfati : aujourd'hui on fait sauter les tabous | Paris | L'Institut Du Sein

Propos recueillis par Annabel MacGowan

Interview Isabelle Sarfati - L'officiel | IDSEIN Paris

 

Vous écrivez que la chirurgie esthétique est une arme de liberté. Et si c’était plutôt une histoire d’identité ?

C’est à la fois une arme de liberté et une forme de soumission aux diktats du regard de l’autre. Mais c’est avant tout la liberté de se débarrasser d’un complexe et d’être plus proche de notre identité rêvée, car c’est identitaire de s’autoriser à choisir d’être une meilleure version de soi-même. Le fait de décider de ne pas rester coincée dans une fatalité, de s’autoriser à penser “je ne veux pas vivre avec les seins de cette fille que je vois dans le miroir, je vais faire quelque chose”.

Certaines femmes se font opérer sur le tard, bien après les années séduction. Quelle est leur démarche ?

Il faudrait définir “les années séduction”. Les femmes de plus de 80 ans qui se font opérer réparent quelque chose d’invisible; leurs seins sont encore vivants dans leur esprit et elles sont heureuses de pouvoir améliorer leur corps, de participer à un projet dédié uniquement à elles-mêmes. Cela témoigne d’une vitalité incroyable !

La chirurgie esthétique semble être encore perçue par un grand nombre de femmes comme une tricherie. Est-ce encore un tabou ou constatez-vous que ça se décoince ?

Cela dépend du rapport que chacun entretient avec la vérité. Certaines femmes portant des prothèses ont l’impression que ce ne sont plus leurs seins et l’idée du “faux” les obsède. D’autres, plus légèrement considèrent la chirurgie comme un trompe-couillon, du “faux joli”. Et puis il y a celles qui considèrent que leurs nouveaux seins sont encore plus les leurs puisqu’elles les ont choisis. Certaines vivent les prothèses comme des sex-toys !

Pourquoi avons-nous toutes la hantise de ressembler à notre mère ?

Avant tout parce qu’on lui ressemble ! On a vu nos mères vieillir, un jour on croise notre image dans un miroir et on est marquée par la ressemblance avec ces mêmes défauts qui nous effrayaient quand on était petites. À 50 ans, on se souvient de l’image de sa mère jeune, et ce qu’elle est aujourd’hui, ce qui nous renvoie à un effet miroir.

Quelles sont les techniques réjouissantes du futur en chirurgie esthétique ?

On pourra cultiver la graisse, on ne sera plus limité quant aux quantités nécessaires pour certains actes lorsque la patiente est mince. Il en va de même pour la culture des greffons de cheveu. Dans un proche avenir, les prothèses imprimées en 3D, donc totalement sur mesure, seront accessibles à tout le monde et pour tous types d’implants.

Dans votre livre, vous parlez avec franchise et humour des interventions que vous avez subies. En tout, combien en avez-vous fait et quelles sont vos favorites ?

J’ai fait avancer le menton, j’ai fait un lifting des paupières, une lipoaspiration, une injection de graisse dans le visage et j’ai fait poser trois fois des prothèses mammaires de différentes tailles. Ma favorite est la première intervention. J’ai compris cette sensation d’euphorie après l’amélioration d’un trait et à chaque fois que je croisais mon image, je trouvais que c’était vraiment mieux.

Vous avez quand même un comportement punk ! Vous rentrez chez vous le soir-même d’une opération en scooter avec les drains dans les poches, vous reprenez vos consultations le lendemain d’une blépharoplastie… Est-ce pour donner l’exemple, ou est-ce un acte de bravoure?

J’aime bien le cĂ´tĂ© Mad Max parce que je n’ai rien Ă  cacher. Je ne vais pas prendre des vacances parce que j’ai des coquards sur les yeux ! En plus, afficher que je me fais opĂ©rer montre que j’y crois et en quelque sorte ça me fait de la com’ !

Lors d’un acte raté, qu’est-ce qui se répare le mieux ?

Les seins asymétriques, trop hauts ou trop bas, sont les plus faciles à rectifier. Souvent après une opération ratée, il y a une forme de culpabilité et une perte de confiance en soi et dans les chirurgiens. Or, un défaut naturel n’est pas choquant, mais un défaut créé par la chirurgie est plus gênant. C’est d’autant plus dommage que dans la plupart des cas, c’est facile à réparer.

Quelles sont les motivations principales pour décider d’une opération ?

Une intervention de chirurgie esthétique est un acte fort vis-à-vis de soi-même et qui, souvent, arrive à provoquer un tournant car cet investissement déclenche des choses, donne une belle énergie. C’est un acte de dynamique positive, de volonté de s’aimer, ce qui est toujours une bonne chose. La chirurgie plastique, c’est la surface qui agit sur l’intérieur pour construire quelque chose.

Quels sont vos conseils pour bien choisir son chirurgien et pour bien vivre la période postopératoire ?

Se renseigner, voir de qui vient le conseil et s’il est avisé : est-ce une amie, un médecin, une esthéticienne, bref, une personne qui connaît beaucoup de femmes opérées et de chirurgiens ?
Ensuite, le ressenti lors du premier rendez-vous. Il faut avoir la sensation que son projet est bien compris et qu’on fait confiance au chirurgien pour le réaliser. Concernant la période post-opératoire, ne jouez pas le scénario d’une autre ou de ce que vous aurez pu lire. Si vous ressentez le besoin de cocooning, ne vous en privez pas. Et si vous avez besoin d’être active, allez-y. À vous d’inventer cette étape en accord avec votre chirurgien.

 

Isabelle Sarfati - Interview L'officiel | IDSEIN Paris

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